Carnet de route

Le tour du territoire avec ces "formidables machines..."

Le 13/05/2022 par Joël Roubaudi

Allez, encore quelques mètres, ils doivent nous attendre. Je vois JB qui redescend, il a pitié, ma batterie vient de s’éteindre dans la dernière côte. 1400 m de D+, 55 km, les 250 Wh n’y auront pas suffi. 
Mais à quel moment j’ai mis la roue dans cette « galère » ? Ah oui ! Tout a commencé un mercredi soir, une réunion de comité, on discutait des 100 ans du territoire de Belfort et l’idée a germé de faire le tour du territoire au plus près de la limite du département… Si je tenais celui qui a imaginé ce périple… 
Sur le coup l’idée m’avait semblé cool, 3 jours de VTT en autonomie. 
Et je me retrouve au Ballon d’Alsace, dans la brume, avec en guise d’accueil une pluie bien de chez nous et un petit groupe, heureusement le sourire aux lèvres, pas chaffouiné par la météo du jour. 
« Franc-Comtois rends toi – Nenni ma foi ! » fière devise à mettre en application, illico. 
Bon, nous sommes 7, prêts à en découdre. On prépare les vélos. On s’équipe. Il y a pour cette première étape qui part du sommet du ballon d’Alsace jusqu’à Fêche-l’Eglise avec 60km, 1000m de D+ et 1800m de D-, Céline, Johan, Joseph, Jeff, JB, Philippe et moi-même. 
On se connaît plus ou moins, mais on fera un peu plus connaissance en avançant. Je déclenche le GPS, et zou, c’est parti pour le tour du territoire de Belfort… dans la brume, l’humidité, et la bonne humeur. 
Les kilomètres sont avalés malgré des chemins peu roulants, ce qui tombe plutôt bien, car on est en VTT. Enfin, Joseph est quand même venu avec son VTT hors d’âge, un tracassin selon certains… qu’il manie d’une main de maître. Comme quoi, la monture ne fait pas tout. Même si son vélo est vieux, il est excellent. 
Mais nous arrivons déjà au refuge de la grande goutte. Là, je propose la descente par les marches, et le groupe se scinde en deux : ceux qui passeront par le chemin et les autres qui vont se lancer dans cette descente un peu engagée du fait de la hauteur des marches. 
Je pars en premier pour me positionner caméra à la main. Et zou, le premier est déjà parti, c’est JB qui arrive tranquille en gérant au mieux, talonné par un marsupilami (notre ami Philippe) qui s’est un peu lâché, lui-même suivi de près par Johan qui, prudent, aura géré sa vitesse. 
Tout le monde reprend ses esprits, se regroupe et c’est reparti pour la planche des Belles Filles que l’on avalera presque comme si de rien n’était. LOL 
Le temps d’une photo et nous voilà déjà repartis, direction le mont Ménard, où nous ferons une petite pause avec la venue du soleil. C’est là que Jeff en profitera pour resserrer la potence de son vélo qui je vous le rappelle devait être réglé avant le départ…. 
Après un petit cours d’histoire de Joseph sur une des particularités des bois d’Auxelles dont une partie appartient à Sermamagny, une petite prière aux pieds de la Vierge du mont Ménard afin de conserver le soleil jusqu’au dimanche soir et nous repartons, d’abord, par le chemin très… cassant, puis par un petit single bien connu et fort agréable, nous menant à l’observatoire au-dessus d’Auxelles-Haut. 
Mais il est déjà temps d’abandonner Céline vers le Malsaucy, attendue par ses élèves, et nous sommes repartis « entre hommes » 
Finalement, arrivés à Chalonvillars, nous décidons de nous arrêter à l’entrée de la coulée verte pour recharger « nos formidables machines que sont nos petits corps ». 
Avant d’être totalement refroidis, nous relançons ces « formidables machines que sont nos petits corps » endoloris par cette matinée marquée par beaucoup de descentes. 
Buc, Brevilliers s’enchaînent, quand soudain, catastrophe… Profitant sournoisement d’une glissade de Joseph (avec son tracassin, je vous le rappelle), l’un de nous (je ne balancerai personne), qui lui léchait le pneu, lui roule sur la cheville, produisant chez le premier quelques borborygmes, onomatopées et autres vulgarités que je me garderai bien de rapporter ici. Courageusement, notre Joseph se relève, et serrant les dents, continuera jusqu’au bout (il restait environ 15 km) en empruntant cependant une chaussée plus lisse et plus directe à partir de Nommay… avec une fracture (nous l’apprendrons plus tard). 
Enfin, un peu remué par ce qui était arrivé à notre compagnon, nous avalons très vite les derniers kilomètres à travers bois, mais surtout par des chemins asphaltés, nous arrivons à notre destination du jour : Fêche-l’Eglise, et plus particulièrement le square à côté de son école, son lavoir, sa salle communale. 
Après avoir conversé avec le Maire, celui-ci appelé par d’autres tâches devra nous laisser à nos occupations de VTTistes. 
Ce soir, seuls Johan et moi bivouaqueront, rejoints par Sylvie et Michel en van, et JB finalement se joindra à nous jusqu’au matin également avec son van. 
Un petit tour dans le lavoir pour détendre les muscles noués et pour nettoyer un chouilla nos montures, il est temps de passer aux choses sérieuses dans la journée d’un cafiste digne de ce nom : 
L’apéro… et à chacun de sortir de son sac confié à Chantal le matin ou de son van, de quoi reconstituer le stock hydrique, vitaminique et… alcoolique. 
Parce que je l’avoue humblement, si j’ai fait les 3 jours en autonomie, avec un sac de 8 kg, j’avais confié un large surplus de manière à agrémenter chaque bivouac généreusement. 
Mais il est temps pour Johan de monter sa tente, et pour moi d’installer mon hamac, qui s’intégrera parfaitement bien entre les deux poteaux du préau de l’école, avant de passer au repas. 
JB reparti chez lui est revenu avec son van et sort son barbecue portatif et démontable, nous promettant de délicieuses saucisses. Sylvie et Mimi ont déjà installé une table, avec quelques chaises pliantes. (j‘avoue que je n’avais pas tout ça dans mon sac à dos. Sic). 
Notre JB continue sa préparation, remplit généreusement de charbon de bois, ce qui deviendra notre chauffage d’appoint… il avait oublié les saucisses dans sa précipitation à nous rejoindre… L’occasion de chambrer un peu, mais surtout de bien rigoler. 
Sylvie, elle, n’aura pas oublié d’apporter un délicieux minestrone de son invention, épicé à souhait, et revigorant au possible. Il sera apprécié à sa juste valeur et engloutit par tous les participants. 
La soirée se poursuivra chaleureusement, et la nuit avalée d’une traite. 
Samedi matin, nous nous réveillons baignés par les rayons solaires qui vont progressivement réchauffer « nos formidables machines que sont nos petits corps ». 
Mais quel est ce bruit ? Ah oui ! C’est celui des réchauds qui nous proposent une eau chaude pour pouvoir s’hydrater d’un breuvage digne d’un percolateur (ha ! Ha !) 
Pendant que Johan et moi-même rangeons notre matériel de bivouac, JB se prépare à repartir, appelé vers d’autres aventures, mais promettant d’être là le dimanche. Sylvie nous laissera Mimi pour la journée. 
Alain, Florence, Philippe, Benoît, Jeff et Gam Bas nous rejoindrons pour cette nouvelle journée, sans oublier Céline qui nous rejoindra avant le départ non sans avoir avalé déjà une 20aines de kilomètres, histoire de se mettre en jambe. 
Il faut dire que la journée est light avec ses... 57km, 1000m de D+ et 1000m de D- (il y a moins de descentes… heureusement…). 
Mais c’est déjà l’heure de partir, alors en route la troupe, dans un joyeux bazar. Le groupe un peu moins raisonnable que la veille s’étire, s’étire. Afin de ne perdre personne, je demande qui a la trace sur un GPS. Seuls Gam Bas et Florence répondent positivement. 
Très simplement, nous décidons que Gam Bas mènera le groupe, tandis que Florence naviguera au milieu, quant à moi je me laisse le rôle de vélo balai. 
Placés ainsi, le groupe redevient un peloton digne du tour de France. 
Très vite, avant l’arrivée à Beaucourt, au niveau du trou de Malfosse, les difficultés apparaissent. 
D’ailleurs, ça devait être trop dur pour les randonneurs qui n’y sont pas passés, dixit Mimi. 
Mais du coup, les VTTistes eux se trouvent rapidement confrontés au portage de leur monture… et certains avaient des VAE de 25kgs environ… 
Mais bon, faisant contre mauvaise fortune, bon cœur, tout le monde profite selon sa forme du moment du single, bordé de ronces, d’orties et emplis de cailloux en tout genre. 
Cependant, ça passe, et ce petit single deviendra un bon souvenir assez vite oublié en arrivant au magnifique « parc municipal des cèdres de Beaucourt », où nous nous prendrons en photo devant un superbe cèdre majestueux. 
Avalant rapidement les kilomètres, la petite troupe se retrouve très rapidement à Croix au pied des puits à balanciers datant de 1772. Mimi qui était passé auparavant avec les randonneurs retrouvera un autochtone avec qui ils avaient sympathisés, et se lancera malgré lui dans une conversation qu’il devra abréger à la limite de la politesse. Sinon il y serait encore…. 
Férus d’histoire… c’est avec plaisir que nous nous poserons au pas du diable près de Saint-Dizier, pour recharger les batteries de « ces formidables machines que sont nos petits corps ». 
L’occasion de comparer nos pique-niques : charcuterie, graines, crudités et fruits...etc très variés. Cependant le VTTiste cafiste est sérieux, pas de fruits fermentés avant l’apéro du soir… 
Les 25km suivants seront vite avalés et sans problème particulier, Boncourt, Courcelles, Réchésy, Lepuix-Neuf, Suarce, avant d’arriver à Chavanatte, lieu de notre 2ème étape. 
Ici nous serons accueillis par tout un comité d’accueil constitué d’élus, d’habitants, d’une journaliste, présidés par Mme le Maire, qui après toutes les présentations d’usage, nous contera rapidement l’histoire de ce petit village de 150 habitants au sein du territoire de Belfort. 
Une charmante personne passionnée et animée par une volonté de dynamiser son petit village, dans le respect de son histoire. 
Puis, nous serons accompagnés sur notre lieu de bivouac. Une zone de loisir bucolique auprès d’un charmant lavoir et de quelques poules « communales » qui seront mes voisines paisibles pour la nuit. 
Très rapidement, nous prenons possession de l’endroit, avec soit des vans, soit des tentes, soit un hamac (les arbres ne manquent pas cette fois.) et il est temps de passer à … l’apéro, préparé par nos amis Chavanattais. Nous investissons les tables et bancs publics que nous agrémentons de quelques chaises. L’organisation est menée de main de maître par Mme le Maire. Après de nombreux échanges, il est temps pour nos hôtes d’un soir de reprendre le chemin de leur logis, tandis que nous peaufinons notre bivouac. 
Nous nous retrouvons tous autour d’une table avec Sylvie qui sera revenue pour reprendre en main son Mimi, Auriane une ancienne aventurière de l’Ecole d’Aventure (que je retrouve avec plaisir) venue bivouaquer avec nous (bon, OK surtout sa maman et Johan). 
Ce soir pas de minestrone, mais une délicieuse salade composée qui fera suite à l’apéro copieux que nous venons de prendre. Du coup mes machins lyophilisés peu appétissants n’auront pas quitté le fond de mon sac. 
Il est enfin l’heure pour chacun de retrouver son duvet, la nuit peut commencer. Je me glisse dans mon hamac, à l’abri des arbres qui me protégeront de la rosée du matin, mes colocs d’occasion ne glousseront pas de la nuit. 
Le matin arrive… toujours trop tôt, mais nous nous retrouvons autour d’un buffet organisé, préparé et apporté par Hélène et Antoine (nouvel aventurier de l’Ecole d’Aventure), de quoi recharger les batteries de « nos formidables machines que sont nos petits corps ». 
Il est enfin temps de préparer nos vélos et nos sacs pour la fin de notre périple. Dernière journée, la plus dure : 60km, 1440m de D+ et 640m de D- (glup) 
Pour cette dernière étape, nous serons Céline, Johan, Alain, Florence, Mimi, Gam Bas, Antoine, Jeff et moi. JB nous rejoindra sur le chemin, il viendra en vélo directement pour l’attaque du Südel au départ de la Seigneurie… en passant par le Baërenkopf (histoire de s’échauffer un peu). 
Très rapidement, tout est rangé, les sacs supplémentaires sont laissés à nos vans sherpas, un tour d’horizon pour être sûr de ne rien oublier, et nous voilà partis. 
On ne change pas une équipe qui gagne (on n’a perdu personne la veille), donc Gam Bas prend la tête du groupe, tandis que Florence reste dans le peloton et que je ferme la marche. 
Les premiers 25 km sont du pur bonheur… un peu cassants toutefois… je ne mets pas en route le moteur nucléaire de mon E-Zesty, les presque 18 kg sont menés à un train d’enfer. Je l’étrenne sur ces 3 jours, et ne regrette pas mon choix suite aux conseils de Jean-Claude. 
Nous avons tout loisir d’apprécier, contempler et prendre plaisir sur ces chemins où nous ne roulons jamais. Plus habitués au nord territoire, je m’aperçois que visiter le sud territoire est une excellente idée. 
Après avoir laissé Céline au niveau de Vauthiermont, c’est sans encombre que nous parvenons au lac de la Seigneurie, où nous décidons de nous poser pour recharger les batteries de « nos formidables machines que sont nos petits corps ». 
Là, Mimi cherchera désespérément un siège auprès de ses camarades. Il souhaitait le prêt d’un casque pour soutenir son postérieur... 
Bon, il ne reste que… 22 km et quasi 1200m de dénivelé… autant dire que la montée va être chaude. Mais il en faut plus pour pomper le moral d’un cafiste, aussi nous enfourchons avec enthousiasme nos montures et mettons en route « nos formidables machines que sont nos petits corps ». 
Les premières difficultés apparaissent dans la montée au Südel par les trois bornes. 
Les chemins “au plus près de la limite du département” sont malmenés par les coupes forestières successives. Et nous devrons souvent pousser nos montures, voire les porter. 
Je ne vous cache pas que notre jeune aventurier, ancien VTTiste de l’USGiromagny VTT, est toujours devant suivi de près par son chaperon Gam Bas et souvent devant les VTTae lourds. 
Oui, j’avoue avoir atteint les limites de mon VTTae léger et de « la formidable machine qu’est mon petit corps » ?????? 
Néanmoins, la forêt est belle, les points de vue, qui se découvrent au fil de notre périple, superbes. 
Après l’abri du Neuberg, nous arrivons, non sans mal, pour Jeff (qui aura roulé les trois jours en musculaire) et moi au Baërenkopf, que nous contournerons selon le tracé par le sud. 
La suite est bien connue, nous sommes en terrain habituel, j’ai personnellement fait un périple de 2 jours en mode « l’aventure au bout de la rue », qui m’avait amené en autonomie au refuge du Baërenkopf depuis la maison. 
Mais justement, si les chemins sont très sympas, je me souviens de la difficulté des côtes, et particulièrement à l’arrivée du ballon d’Alsace. 
Mais qu’importe, nous enchaînons la descente vers le col du Lochberg où le reste du groupe nous attend. Nous n’avons malheureusement pas le temps d’une tarte aux myrtilles à l’auberge du même nom, et nous nous engageons sur le chemin qui, sans trop de dénivelé, nous amènera au col du Hirtzelach. La suite est une suite de torture pour ces « saloperies de machines que sont nos petits corps endoloris ». 
La montée au col sans nom, au gros hêtre (où je vois mes barres de batterie fondre...), et enfin le Wissgrüt. Sans compter que nous avons une pression de tous les diables. Mon téléphone n’arrête pas de sonner pour nous demander où nous sommes. (la galère quand tu montes une côte où tu es au bout de ta vie), mais justifié, car nous devions arriver avec les randonneurs vers 16h… et il est 16h30. 
Allez, plus que quelques coups de pédales pour avaler les pistes de ski de la Gentiane et les contourner par la gauche. On arrive à la Manheimer que l’on contourne par la gauche. JB est avec moi, il est en pleine forme, à peine usé par l’effort. C’est à ce moment-là que ma batterie me lâche (pourquoi je n’ai pas pris un VTTae lourd...) 
Je me retrouve avec un vélo du poids de mon très vieux, mais je suis au bout de ma vie pour faire ces derniers 20m de D+. 
JB qui m’a distancé revient, me soutient, m’encourage, et enfin on arrive sur le plateau. 
Je vois l’oriflamme du CAF. Ouf ! ils ne nous attendent pas au sommet du ballon d’Alsace. 
J’en pleurerai de joie. 
Et c’est l’arrivée. Là je retrouve mes compagnons des 3 jours, Mme le Maire de Chavanatte qui est venue avec son mari se mêler à notre fête. 
Arrive ensuite Jeff, qui comme moi et d’autres a tout donné. 
Après avoir remis en ordre notre « formidable machine qu’est notre petit corps », on décide de monter ensemble, randonneurs et VTTistes au sommet du Ballon d’Alsace. 
Un dernier effort que je ferai à pied (excellent choix avec des chaussures de VTT assez rigides…), laissant mon vélo à Alain qui nous attendra Florence et moi pour repartir. 
Mais la photo ensemble au sommet vaut tous ces efforts. 
Je parlais de galère au début de ce récit. Avec le recul, je parlerai plutôt de belle aventure humaine, où j’ai appris à découvrir de belles personnes, des personnes attachantes, avec qui j’aurai plaisir à refaire d’autres aventures de cafistes, même si on en bave un peu, l’aventure le vaut largement. 
Alors merci Clément pour cette belle idée, merci à toi et à Laure pour les traces GPX. 
Et bon anniversaire le Territoire de Belfort…. 
PS : Là, il est temps de laisser se recharger « nos formidables machines que sont nos petits corps ». 

Photos Joël Roubaudi sauf mentions contraires 







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